Comment je suis tombée amoureuse … des archives !

Bonjour à toi cher lecteur tenace qui malgré des mois sans voir d’articles publiés à continuer à venir voir mon blog contre vents et marées. Bonjour à toi ma petite Maman, et mon petit Papa, qui n’a pas trop le choix de te rendre sur ce site pour lire mes péripéties. Et bonjour à toi, bel inconnu qui est tombé un peu par hasard sur mon site en cherchant peut être des informations sur les archives. Installez-vous tous confortablement, vous n’avez besoin de rien si ce n’est pas de vos yeux pour lire et de votre chat pour vous réchauffer (ou de votre plaid si votre chat a préféré aller gambader dans les champs ou roupiller loin de vous) !

Je vous écris aujourd’hui pour vous parler d’un sujet inhabituel : les archives. A première vue, ce qui doit d’ailleurs être le premier avis de toute personne normalement constituée, quand on vous dit de vous rendre aux archives, l’idée vous rend beaucoup moins enthousiaste que celle de partir faire les boutiques ( ou autres activités chronophages et inutiles mais qui font du bien, il faut se l’avouer). Bref, je me représentais donc les archives comme un bâtiment austère, poussiéreux et autres qualificatifs bien négatifs ! J’appréhendais tellement de m’y rendre la première fois, en septembre, que je suis même tombée dans les pommes au bout d’une petite heure : c’est vous dire à quel point elle est fragile cette gamine… Je m’étais même dit : « Super, je vais mourir aux archives…« . Remarquez, mon acte de décès aurait été vite rangé dans ce cas ! On aurait peut être fait étudier mon histoire tragique à des générations d’historiens après moi (enfin je m’emballe peut être un peu aussi…).

Toutes ces représentations, que je trouve aujourd’hui bourrées de préjugés, ont radicalement changé au cours de mon second semestre de troisième année d’histoire. Je devais, comme au premier semestre (mais pas sur le même thème bien sûr ! ), rédiger un mémoire de licence sur le sujet suivant :

« Une famille Marnaise dans la tourmente de la Grande Guerre »

Cet enseignement m’était dispensé par un professeur que l’on va appeler Raoul. Pourquoi Raoul ? Je ne sais pas vraiment, je trouve ça cool comme nom et mon prof est vraiment génial ! C’est marrant cette récurrence chez moi à utiliser ce prénom: j’avais déjà appelé mon épouvantail une année comme ça, cela peut paraitre méchant de comparer mon prof à un épouvantail : mais si vous aviez vu comme il était classe ! Il faut savoir que Raoul de prime abord, il est pas vraiment commode, un peu rustre et intense dans le genre, comme les archives. Mais en vrai à l’intérieur c’est un coeur tendre, de la guimauve, quelqu’un d’extra quoi ! Je vous souhaite de rencontrer un jour dans votre scolarité ou dans votre milieu professionnel une personne comme Raoul : un pur passionné.

Raoul a ainsi piqué ma curiosité : vous savez c’est ce genre de personne qui parle d’un truc un peu fermé, un peu compliqué et pas trop intéressant mais qui vit tellement ce qu’il raconte que vous finissez par y adhérer.

 

 

Après il faut reconnaître que le sujet aussi était intéressant. Tellement intéressant, que telle la cigale chantant dans Les Fables de La Fontaine « nuit et jour je travaillais« , collectais de plus en plus d’informations et approfondissais encore et encore mes recherches. Finalement, je ressemblais plus à la petite fourmi travailleuse et disciplinée qu’à la cigale frivole et innocente mais bon la citation correspond parfaitement à mon état d’esprit ces dernières semaines. J’étais tellement passionnée par ce sujet qu’il ne fallait pas me prier pour remonter dans ma chambre travailler, aller à la BU lire des bouquins et effectuer des recherches pendant des heures durant. C’est vous dire, j’hésite même actuellement à m’orienter vers un master recherches dans le cas où je n’aurais pas mes concours de journalisme à la fin de l’année scolaire !

 


Présentation générale de l’étude sur la famille Leclère.

Voici, de façon à, je l’espère, vous mettre l’eau à la bouche les grandes lignes de mon étude de cas :

→ Le conflit qui prend place entre 1914 et 1918 sur le territoire Français est sans précédent tant il a mobilisé l’ensemble des forces de la nation : il est ainsi qualifié de guerre totale. En effet, celui-ci a fait appel non seulement aux forces armées de la nation Française mais également à ses forces économiques, psychiques et matérielles. La résistance des soldats a été lourdement mise à l’épreuve lors de ces quatre années de guerre, autant que celle des populations restées à l’arrière qui ont subi de longues attentes, divers attaques, des occupations, des exactions et des migrations contraintes intérieures.

En ce qui concerne le département de la Marne, celui-ci est coupé en deux par le front qui se stabilise dès 1914 et passe au nord du département. D’un côté, les combats sont sanglants et induisent le déplacement de milliers de civils. De l’autre, les populations qui n’ont pas été bougées à temps sont contraintes de vivre sous l’occupation ennemie. En partant d’une correspondance de guerre trouvée dans la série 10R des archives départementales de la Marne, j’ai choisi le cas des Leclère, une famille ouvrière modeste issue de la Marne, qui a dû faire face, comme bon nombre d’autres familles Françaises, à la Première guerre mondiale. Les parents, Albert et Marie Leclère, génération née à la fin des années 1880 est prise de plein fouet dans la violence de cette guerre qui ne heurte pas seulement les soldats partis au combat. Leurs huit enfants, subissent d’autant plus ce choc sans précédent puisque celui-ci vient prendre leur jeunesse et leur innocence, les force à grandir un peu plus vite et les contraint à renoncer temporairement à certaines prévisions heureuses de leur avenir à l’image de l’union retardée de Marie Marguerite Leclère et d’Alfred Désiré Théron. Enfin le premier petit enfant de la famille est également impacté par le conflit puisque Marie Juliette Théron-Leclère voit le jour en plein pendant ces quatre années noires : elle est une enfant de la guerre comme l’expression les appelle. Entraînés dans ce conflit qui semble ne jamais se terminer, ils connaissent finalement en 1918 le retour au calme avec l’espoir de retrouver leur vie d’avant.

Mes recherches se sont articulées autour de trois grands axes directeurs. Je me suis d’abord intéressée à la situation de la famille Leclère avant le déclenchement de la Première guerre mondiale en mettant en avant une présentation générale de la cellule familiale ainsi que l’analyse de leur origine sociale et géographique. Puis, j’ai analysé et effectué des recherches sur leur situation pendant ces quatre années en faisant le tableau d’une famille bouleversée par l’envoi de leur gendre au front, mais également marquée par des séparations qui compliquent leur quotidien. Enfin, j’ai tâché de comprendre comment cette famille Marnaise se reconstruit à l’issue du conflit.


Si vous n’êtes pas encore convaincu par les archives, c’est normal : il faut aller directement à leur rencontre pour en ressentir les effets ! En tout cas, n’hésitez pas à vous rendre dans vos archives départementales, c’est en libre accès. Vous serez peut être piqués par larchive fever , qui sait !

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